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formes et identités instables


HORS CONTEXTE
Il existe différentes façons de mener une recherche, qui ne se plient pas toutes aux modalités d’énonciation du discours. Les champs de la théorie et de la pratique ne sont pas aussi clairement partagés que les tenants d’une tradition de pensée encore très vive dans les disciplines instituées de la critique ou de l’histoire de l’art, souhaitent nous le faire entendre. Certains ont pu incarner une posture intellectuellement fondée dans quelque objet manifeste ; d’autres plus intéressés au langage dit poétique, ont cherché à faire sens en dépit des règles de syntaxe établies ; d’autres encore ont pu travailler les qualités éminemment plastiques de la lettre, en se souvenant que le texte a d’abord été un dessin – l’origine grecque du mot « graphein » en témoigne-. C’est ainsi que l’on peut comprendre les «pièces » de Dominique Torrente : comme les manifestations en esthétique d’un rapport proprement moderne au langage, hors des critères qui conduisent habituellement le sens.
Je parlerai volontiers de «manoeuvres » plutôt que d’oeuvres, et ceci pour deux raisons. D’abord, la pratique récurrente de la broderie n’est pas sans rappeler quelque histoire « locale » : les techniques de la tapisserie ou de la dentelle restent apparentées à certains arts mineurs ou régionaux ; dans les travaux d’aiguille perce quelque chose du souvenir d’enfance qui, pour nous être resté commun, n’en devient jamais anecdotique. La diversité des formes et des formats également, ne permet pas d’inscrire littéralement Dominique Torrente du côté des seuls « artistes » : l’art y dépasse cette sorte de fulgurance inspirée propre au génie exclusivement, pour renouer avec son sens originel, celui d’une « tekhné » plus éprouvée mais véritable. Ici, quelque chose est au travail.
Pour autant, les réalisations ne sont jamais « artisanales », s’il faut employer ce terme pour désigner un courant quelque peu décoratif qui chercherait à affirmer sa capacité de résistance au modèle industriel dans le recours au manufacturé et -en matière de texte- au manuscrit. Dominique Torrente s’emploie à développer les propriétés systémiques d’un textile dont les conditions de reproduction industrielle -la trame, le canevas, le gabarit- étaient déjà présentes dans des procédures plus anciennes. Le tissage est envisagé comme un « modèle technologique », à la manière dont l’entend Gilles Deleuze -le terme est de lui-, penseur du concept mais des formes pareillement : ce n’est pas seulement une technique qui s’expose, mais un propos complexe sur les véhicules du sens, soutenu par l’étymologie commune -« texere »- du texte et du tissage.
Dominique Torrente se positionne clairement du côté d’une modernité qui n’est pas sans histoire(s), mais ne cède pas non plus aux récits. C’est pourquoi on ne parlera pas d’art contextuel : les archaïsmes sont certes présents -quelques choses d’une biographie, d’un terroir, d’une inspiration-, qui ne se manifestent pas sur le mode de l’explication ou de l’éclairement. Souvent les textes sont difficilement lisibles, que les limites des mots disparaissent dans leur inscription ton sur ton, que des perturbations visuelles viennent rompre la continuité de la lecture, que les corps de texte soient tronqués. Le sens ne se tisse pas avec l’objet -« con-texere »- mais si j’ose dire, « entre lui » : il se découvre dans le vide qui sépare les pieds de la tête, dans l’interstice qui libère une figure d’une autre, dans les marges d’un discours hors-champ, et pareillement dans l’écart sémantique des paradoxes et autres jeux de mots. On évoquera alors plus volontiers les intertextes du nouveau roman ou le thème de la greffe cher à Jacques Derrida : au lieu de se clore sur luimême, le texte renvoie continuellement à un autre texte, celui notamment d’une histoire de l’art qui semble commencer à la renaissance, là-même où se sont noués poésie et peinture, là aussi où se sont développés les premiers caractères d’imprimerie.
Ainsi, le travail de Dominique Torrente correspond bien à une approche doublement plastique et théorique – dans la mesure où elle donne de la voix à une culture certaine -, sans jamais pour autant se soumettre à l’ordre d’un discours interprétatif : le fil de la lecture y est rompu, soumis au régime de la coupure. C’est pourquoi il nous faut l’envisager comme une pratique éminemment prospective, qui fonctionne à la manière d’un commentaire, d’un renvoi, d’une note de bas de page : le sens s’y faufile, dans les écartements de la toile.
Cécile Fournel
enseignante et doctorante en design et environnements
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