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D’où je vois
Exposition février-avril 2015
Les canailles d’images de Sylvie Dupin par Fabien Pinaroli
Dès le premier coup d’oeil, c’est chouette ! Toute licence m’est accordée, tous les fantasmes me sont permis. Surtout ceux que j’entretiens dans ma façon d’habiter la ville, d’évoluer à la campagne, de me sentir bien en montagne. Par exemple, face aux belvédères, aux petites sculptures et aux photographies qui leur sont associées, je peux déployer mes ailes et m’envoler tout en restant bien campé sur mes deux pieds (Banquettes, 2014, Fragiles horizons, 2014) ; dans plusieurs séries d’images antérieures, je suis dans deux lieux à la fois, en ville et à la montagne (Déplacements, 2002-2011) ; dans une petite vidéo succulente (Secouer la montagne, 2006), je corrige la ligne de crête d’une montagne. Bref, je m’observe en flagrant délit de vouloir être le roi du monde. Ces images fonctionnent comme autant de petites canailles m’emmenant joyeusement aux tournants de mes faiblesses pour mieux me détrousser, en fait, elles profitent du sentiment de puissance que je ressens en prenant de la hauteur ou de mon désir d’ubiquité. Si je prends ces canailles d’images au sérieux, elles me font faire un parcours initiatique et m’accompagnent avec humour dans les recoins de ma perception.
Canailles, elles le sont doublement ces images, sculptures ou petites vidéos, me disant d’un air malicieux : “je vais te sortir les plus grosses ficelles et tu ne vas rien voir”. Ou plutôt “et tu vas voir vraiment”. En effet, elles pointent du doigt comment fonctionnent mon regard et ma conscience face à un paysage naturel en montagne et à la campagne, ou au sein d’un paysage urbain. Elles rejouent, à leur échelle d’images, comment mon corps et ma conscience façonnent ce paysage, comment l’acte de voir procède d’une nouvelle structuration, à partir du magma du réel, à partir des données visuelles que je recueille, mais aussi à partir de ma mémoire, de mes désirs, de mes fantasmes, etc. L’opération consiste en une succession de coupes et d’assemblages qui construisent mon propre paysage. Face à ce travail, je me trouve plongé dans les pensées des philosophes de la phénoménologie de la perception, Husserl ou Merleau- Ponty. Les images en elles même ne discourent pas.
Malgré la procédure du collage, elles n’ont pas le caractère disruptif qui caractérise les collages et photomontages historiques des dadaïstes (Annah Höch, John Heartfield, par exemple) dans lesquels l’invention de nouveaux espaces mentaux crée du discours, résultat de montages d’images de natures très différentes. Le modèle est à chercher dans le cinématographe : 1 + 1 > 2. Le montage, chez Sylvie Dupin, fonctionne différemment, il renforce paradoxalement les deux espaces représentés (12 + 12) et crée une topographie d’arrangement, voire d’agencement. Indexée sur les deux espaces mis en présence, la topographie qui s’en dégage circule de l’un à l’autre, flottante et allègre. Référentielle, elle est la topographie au carré des lieux invoqués.
Plutôt que la disruptivité propre aux pionniers du collage, Sylvie Dupin choisit une démultiplication des saveurs propre aux agencements qu’elle met en place ; elle y arrive en oeuvrant au sein même de la plasticité des images. Dans la série Fragiles horizons, (2014) il s’agit de la prise de vue photographique en plongée ou du velouté du papier photographique qui valorise le flou obtenu sur ces paysages. Il s’agit également de la multiplicité des petits traits blancs rectilignes contrastant avec ce flou, qui apportent une tonicité aux barrières des belvédères qu’ils dessinent. Sites d’observation paradoxaux d’ailleurs, suspendus dans l’air, sans aucun sol pour s’y avancer. Une topographie fortement perturbée comme dans les séries antérieures qui agencent entre elles deux cartes postales découpées et assemblées, scannées et ensuite agrandies à l’extrême. L’une d’elles présente une place de Milan coiffée de cimes enneigées et une autre, deux squares imbriqués l’un dans l’autre, aux perspectives nettement différentes. Les couleurs sixties et l’agrandissement de la trame, omniprésente, font que la perte de repères à laquelle je pourrais m’attendre n’a pas lieu (plastiquement sauvegardés).
Les images de la série Fragiles horizons ne me procurent pas de vertige non plus, malgré les incessants battements entre le vide et le plein, entre la terre et le ciel. Et l’indécision dans laquelle ils me plongent, concernant ma propre position – verticale de l’observateur ou horizontale de l’oiseau en vol – ne crée aucun porte-à-faux, étrangement. Les agencements sont brutaux, certes, mais finalement ils sont assouplis par des procédures plastiques précises. Attaque en douceur… Phénomène bien connu en matière de sensation gustative : une partie de la bouche ressent une agression et, dans le même temps, l’autre est voluptueusement assaillie. On appelle ça une saveur “aigre-douce”.
Fabien Pinaroli, (novembre 2014)
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